Alors que la première saison n’avait que brièvement fait allusion au passé de Xena, dans « Callisto » et « Le Masque de la Mort (Death Mask) » notamment, s’appuyant sur ce que les spectateurs en avaient vu dans « Hercule », la deuxième offre un début d’explication et fait de plus en plus intervenir, sous la forme de conséquences douloureuses, le fait que Xena n’a pas toujours défendu le Bien.
La saison s’ouvre de fait sur la révélation que la guerrière avait été poussée à abandonner son nouveau-né à ses ennemis pour protéger l’enfant de sa propre réputation. Le père ayant déjà été assassiné, le garçon ne connaît aucun de ses deux parents et va jusqu’à ignorer l’identité de sa mère. Et il n’est pas le seul à souffrir du passé sulfureux de la Princesse Guerrière. Callisto, fillette dont la famille est morte dans un incendie causé par l’armée de Xena, est désormais une guerrière vengeresse dont les méthodes sanglantes dépassent même celles de l’ancienne Conquérante. Créée par R.J. Stewart, scénariste de la série, pour « confronter Xena à quelqu’un à qui elle avait fait du mal », Callisto est un rappel constant des méfaits passés de celle qui cherche maintenant la rédemption sous le titre d’héroïne.
Heureusement ponctuée par des stand-alones plus légers, dont le premier épisode à se passer au XXe siècle, c’est-à-dire « Les Manuscrits de Xena (The Xena Scrolls) », qui donne sa propre interprétation de la genèse de la série dans un style clairement emprunté à « Indiana Jones », la saison deux s’applique donc à travailler ses personnages en les confrontant à des situations problématiques et souvent éprouvantes.
Ceci étant, lesdits personnages sont de plus en plus nombreux puisque cette saison permet également de confirmer la présence récurrente de rôles secondaires apparus dans la première saison. Callisto devient la méchante de la série, méchante qui se trouve être un double malfaisant de la Princesse Guerrière, créant un effet miroir voulu entre elle et Xena, poussant le spectateur à réfléchir ; Joxer se veut le nigaud de service, gentil mais envahissant, dont l’utilisation est principalement comique, malgré quelques élans héroïques inattendus ; Arès, Dieu de la Guerre, incarne le côté obscur de la force, fourbe et séducteur, prêt à tout pour récupérer Xena et en faire sa Reine Guerrière, et enfin Autolycos, voleur vantard au grand cœur, prêt à rendre service même si c’est en rechignant.
Tous participent, parfois de manière cruciale, au développement de l’intrigue de la saison, fournissant soit des obstacles soit des aides précieuses pour le duo que forment Xena et Gabrielle. Parmi eux certains permettent même à des intrigues amoureuses de se former, la saison deux incluant de la romance à ses épisodes comiques, « Gloire à Eros (A Comedy of Eros) », « Un Jour dans la Vie (A Day in The Life) », comme à ses épisodes dramatiques, « Le Retour de Callisto (Return of Callisto) », « Résurrection (The Quest) ».
En effet l’intérêt d’Arès pour Xena apparaît de plus en plus charnel, voire amoureux selon les points de vue, l’amour de Joxer pour Gabrielle est révélé au spectateur et les allusions à une relation entre les deux héroïnes de la série vont croissantes, de la morsure sensuelle de « Dans l’Antre de Bacchus (Girls Just Wanna Have Fun) » au baiser de « Résurrection (The Quest) ». Bien que tout le dynamisme de la série réside toujours essentiellement sur la relation du duo, la série s’offre donc avec cette saison une galerie de personnages secondaires, bons ou méchants, hauts en couleurs et parfois vitaux aux intrigues, qu’ils soient attachants ou irritants.
La saison deux marque ainsi une légère amélioration de la série qui, ayant fait ses preuves lors de la première saison, se permet d’étoffer ses protagonistes et de concocter des intrigues « à suivre » et non plus seulement des stand-alones, bien qu’ils restent majoritaires. D’un point de vue technique, T.J. Scott, réalisateur de plusieurs épisodes, avec ses angles de vue improbables, ses perspectives accentuées et ses ambiances oppressantes, presque étouffantes, apporte la dernière touche à la construction de l’identité de la série, lui offrant un style et une esthétique novateurs dans le paysage audiovisuel des années 90.
Véritable succès aussi bien publique, avec une moyenne de 6.0 millions de spectateurs lors de sa diffusion et la place de série dramatique la plus regardée des États-Unis (les années qui suivent, Xena restera dans le top cinq), que critique, notamment grâce à « Dans l’Antre de Bacchus (Girls Just Wanna Have Fun) » applaudi par le Hollywood Reporter pour ses effets spéciaux et récompensé par un Golden Reel Award, la deuxième saison de « Xena, La Guerrière » est donc une des plus appréciées et des mieux accueillies de la série. Tout en conservant l’esprit de la première, elle en corrige les principaux défauts et offre au Xenaverse ses plus grands classiques.