Xena, la Princesse Guerrière, s’est tournée vers la rédemption. Hercule lui a fait ouvrir les yeux sur ses agissements et elle est maintenant déterminée à se battre du côté du Bien. Accablée par le poids de son passé de Seigneur de Guerre, Xena est aussi tourmentée par ses crimes que par le côté sombre de sa personnalité. Accompagnée de Gabrielle, une jeune fille qu’elle a sauvé de l’esclavage, elle sillonne désormais toute la Grèce pour défendre la veuve et l’orphelin et racheter ses atrocités d’antan.
C’est sur cette base simple que s’appuie la première saison. Principalement constituée de stand-alones (épisodes qui se suffisent à eux-mêmes), elle introduit les différents éléments caractéristiques de « Xena, La Guerrière », éléments qui feront son succès.
Au niveau du ton des épisodes, on retrouve une alternance systématique et assez appuyée, allant du loufoque slapstick, notamment dans « La Boîte de Pandore (Cradles of Hope) » et « Les Deux Princesses (Warrior… Princess) », au véritable mélodrame, dont « La Mauvaise Pente (The Path Not Taken) » et « Le Serment d’Hippocrate (Is There a Doctor in the House?) ».
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La première saison joue ainsi avec les genres et multiplie les références, aux films de kung-fu tout particulièrement, dont les créateurs de la série, Sam Raimi et Rob Tapert, sont de fervents admirateurs. La scène finale de combat du pilote, « Le Retour de Xena (Sins of the Past) », pendant laquelle Xena et son adversaire Draco commencent leur affrontement sur des tréteaux avant de prendre appui sur les épaules et têtes des villageois, est par exemple un clin d’œil appuyé à « La Mariée aux Cheveux Blancs », film de Ronny Yu de 1993.
De la comédie au drame et de l’action/aventure au style Hong-kongais aux cascades improbables, ce mélange de genres hétéroclites est donc présent dès le départ. Suffisamment maîtrisé pour que le spectateur ne soit pas dérouté, il perdure pendant l’intégralité des six saisons et devient une des signatures de la série.
Cependant si la première saison est un bon indicateur de la forme qu’adoptera la série, elle n’est pas en reste sur le fond. En effet, la quasi-totalité des idéaux et des valeurs de la série trouvent leur amorce dans les vingt-quatre premiers épisodes. La question du pardon, qui s’applique dans un premier temps à Xena, mais qui dans les saisons suivantes est également liée aux personnages de Callisto, de Livie/Eve ou même de Gabrielle, est abordée dès le pilote. De même, le choix entre la manière forte ou la ruse, la violence ou la non-violence, thème développé à son paroxysme lors de la quatrième saison, est présent dès « Le Passage des Rêves (Dreamworker) » et les valeurs morales fondamentales de « Xena, La Guerrière » telles que la rédemption ou le sacrifice personnel au profit d’une plus grande cause sont respectivement introduits dans « Pour la Grandeur d’Arès (Chariots of War) » et « Par le Fer et par le Poison (The Greater Good)».
Ceci étant, aussi essentielles soient ces notions, le pilier de la série reste la relation forte entre ses deux protagonistes, Xena et Gabrielle, ce que la première saison n’oublie pas. Bien que le pilote se conclue sur un pacte d’amitié entre les deux (« Alright, friend », Xena dans le premier épisode), Gabrielle est un temps cantonnée au rôle stéréotypé de la naïve acolyte bavarde. Elle gagne néanmoins en indépendance très rapidement, d’abord en tant que « Déesse » aux yeux des Titans, puis en tant que Reine des Amazones et enfin en tant que barde talentueuse. Quittant en quelques épisodes le rôle de simple faire-valoir auquel elle était destinée, Gabrielle en vient dès la moitié de la saison à pouvoir tenir un épisode à elle seule, sans que Xena apparaisse plus de quelques minutes à l’écran, dans « L’Académie d’Athènes (Athens City Academy of the Performing Bards)». Le personnage acquiert non seulement de l’expérience et de la profondeur mais aussi et surtout une réelle importance aux yeux de Xena, faisant de «Xena, La Guerrière » une série dirigées par deux, et non une, femmes fortes, par un duo.
La première saison de la série se révèle donc être un concentré de thèmes et d’idées à développer, ce que les scénaristes ne se priveront pas de faire dans les saisons à venir. Bénéficiant de vingt-quatre épisodes au lieu de vingt-deux, elle explore différentes pistes et questions, offrant les bases de la série : interrogations sur la rédemption, la légitimité du pardon, glorification de l’abnégation dans l’intérêt de tous… Le tout mis en valeur et dynamisé par la complicité des deux personnages principaux, Xena et Gabrielle.
En conclusion cette première saison, véritable laboratoire de ce que sera la série dans les prochaines années, aborde de nombreux sujets plus ou moins graves, adoptant à chaque fois des tons différents, plus ou moins légers. Bien que parfois inégale, puisqu’expérimentale et surtout novatrice, elle pave le chemin pour une suite prometteuse, pleine de surprises, d’aventures et de rebondissements pour la Princesse Guerrière et sa Barde.
Par Achéron.
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