Kévin, un natif de l’île du Sud de la Nouvelle-Zélande, a joué Arès juste après avoir joué le rôle d’Iphicles dans « Hercule », et a incarné le Dieu de la Guerre dans trente épisodes de Xena, ainsi que dans beaucoup d’épisodes de « Hercule » et « Hercule Contre Arès ». Son intérêt continu pour ce rôle de longue durée est compréhensible au vue des nombreuses histoires dans lesquelles Arès a joué un rôle (qui peut aller du tentateur dans des épisodes comme « 5×02 – Le Chakram » et « 5×03 – Succession » à un amoureux émouvant dans « 5×19 – La Mort en Face » et « 5×22 – Le Crépuscule des Dieux ».
Dans des interviews pour le magasine de Xena, lors des deux dernières saisons de la série, Kévin a réfléchi aux nombreux aspects du rôle : « J’ai toujours eu l’impression d’avoir été très chanceux avec le rôle d’Arès ; j’ai pu aborder tous les registres avec lui. C’est un méchant, ceci est un fait, et il y a des épisodes où j’ai joué Arès comme un personnage romantique face à Lucy et il y a eu des fois, comme dans « 6×10 – Un Dieu à la Ferme », où il est le comique de service. L’avantage avec Arès c’est que j’ai pu faire un peu de tout. »
Au tout début, Kévin a eu peur qu’Arès ne devienne rien de plus qu’un méchant insipide et plein d’esprit. Il a admis que « quand nous avons commencé à élaborer le personnage d’Arès, c’était cool d’avoir un mauvais type qui était malicieux et charmant et qui tue des personnes avec un gloussement. » Mais Kévin a reconnu que cette approche du personnage avait ses désavantages : « Pendant un moment, j’ai pensé qu’Arès avait en quelque sorte perdu ses dents car c’était toujours le gars à une réplique. Je jouais beaucoup de scènes pour rire. Je ne peux rien y faire ! S’il y a un rire qui doit être fait, je dois vraiment lutter pour ne pas le faire, et parfois je perds la partie… »
Mais Kévin était finalement capable de se servir de cet humour pour rendre Arès plus complexe et vulnérable, en ajoutant des couches qui pourraient être enlevées dans des épisodes ultérieurs. « Regardez les enfants qui font des blagues à l’école, bien souvent ils font ça pour cacher une vulnérabilité. Le rire peut décrisper une situation et si Arès a des doutes, le rire peut les cacher » a remarqué Kévin. « En tant que Dieu de la Guerre branché et de haut rang, les hésitations, les doutes, les scrupules moraux… Vous ne pourriez tout simplement pas fonctionner avec ces choses là. C’est pourquoi, je pense qu’il y avait beaucoup de rires, de séduction, de blagues. Ca arrive à cacher le fait qu’il avait toujours des doutes à propos de ce qu’il faisait. »
« En définitive, Arès est un soldat bien que ceci soit pris au énième degré. Dans la cinquième saison, nous voyons que c’est son rôle en tant que Dieu de la Guerre, et il fait vraiment son travail, mais de temps en temps, vous verrez qu’il est de plus en plus conscient des conséquences de ses propres actions, qu’il y a un prix (à payer). »
L’épisode qui fait éclater l’image d’Arès est « 2×08 – Les Dix Petits Soldats » dans lequel le Dieu de la Guerre perd ses pouvoirs. Kévin a déclaré : « C’était la première fois où nous voyons l’état embryonnaire du Arès que nous voyons maintenant. Lui, perdant ses pouvoirs, nous avons un aperçu de l’humanité… Et je pense que c’était là où l’Arès d’aujourd’hui est né. » L’épisode suscite également de la sympathie pour Arès parce que c’est la première fois où il doit jouer le héros. Pour une fois, Xena et lui travaillent du même côté en essayant d’empêcher Sisyphe de prendre sa place, et en fait, il est plus préoccupé par le fait que le pouvoir du Dieu de la Guerre tombe entre des mains de quelqu’un de responsable, qu’il ne l’est au sujet de sa propre immortalité.
Kévin et l’équipe créative de Xena ont travaillé dur pour garder la sympathie du public (à l’égard d’Arès), peu importe ce qu’il faisait ; comme le décrit Kévin lorsqu’il revient sur l’un des moments les plus sombres d’Arès : avoir tué Eli dans « 5×09 – Les Germes de la Foi ». « C’était comme un petit test : si je peux avoir n’importe quelle sorte de sympathie après avoir effectivement tué Jésus, c’est quelque chose d’important. Et j’ai pensé que c’était quelque chose que nous pouvions filmer avec réalisme, car ça s’est passé très tôt dans cet épisode, et ensuite il va vers Gabrielle. Et j’ai pensé : « Mon Dieu, il s’en est sorti indemne ! Le voilà, il vient juste de tuer le sauveur et maintenant il s’en prend à Gabrielle ! J’ai simplement approfondi cet aspect, le fait qu’il est tellement dans son jeu qu’il pourrait faire un truc comme ça. »
Kévin a reconnu qu’une chose est la clé pour maintenir l’empathie qu’il y a entre le public de Xena et le Dieu de la Guerre. « Il a fait des choses vraiment terribles. La seule façon dont cette empathie fonctionne c’est si vous croyez qu’il aime réellement Xena. Plutôt que de vouloir simplement récupérer quelque chose qui lui a filé entre les doigts, il aime en réalité vraiment profondément Xena. Et je pense que ça a été le défi, de dire « Comment quelqu’un qui est capable d’un tel amour peut être également capable de faire des actes aussi épouvantables ? »
Kévin a particulièrement bien aimé le rôle qu’a joué Arès dans l’intrigue du Crépuscule des Dieux à la fin de la cinquième saison, et de quelle manière ceci à touché son personnage. « Voici un homme qui a vécu pendant des milliers d’années, et être confronté à la perspective très proche de sa mortalité et traverser ce périple a été quelque chose de plutôt cool » a-t-il déclaré. « Je pense qu’Arès a toujours été un véritable pragmatique et qu’il voit l’inévitabilité du changement. Les autres Dieux se sont unis contre ça, lui il bougera et changera pour faire tout ce qu’il faut pour survivre. Même si l’Olympe s’écroule, il veut survivre en tant que mortel. Mis à part son amour pour Xena (avoir un enfant avec elle) tout ceci concerne le fait de survivre à la chute de l’Olympe.
En regardant Arès, personne ne sait jamais dans quelle direction il va aller ou de quel côté il est dans la lutte opposant Xena et sa propre famille des Dieux. Selon Kévin, cette incertitude est exactement ce qu’elle devrait être. « Je ne crois pas que la télévision devrait être nécessairement une expérience passive et l’un des meilleurs moyens de garantir une implication permanente, c’est si vous laissez une petite incertitude dans un coin de l’esprit du public. Donc l’ambigüité est quelque chose que les réalisateurs, Rob Tapert, le producteur, moi-même et les auteurs avons essayé de garder, afin que le public continue de faire des suppositions sur ses réelles motivations. »
Malgré le fait d’apprécier l’importance de l’ambigüité pour le rôle, Kévin a été très clair sur ce qu’il voulait pour Arès dans ce scénario et a avoué « Ma préférence est qu’il veuille faire le bien pour Xena et l’enfant. » Ce souhait a été exhaussé dans les derniers instants de « 5×22 – Le Crépuscule des Dieux » quand Arès a prouvé, lors de l’action la plus surprenante de sa vie, que son amour pour Xena était sincère. Il a laissé tomber son immortalité pour ressusciter Eve et Gabrielle et ainsi sauver la vie de Xena.
Kévin a bien aimé sa dernière apparition en tant qu’Arès dans « 6×20 – Un Mariage Forcé » et il a estimé que ni l’environnement moderne, ni les vêtements modernes n’étaient en désaccord avec le Dieu de la Guerre. « Aujourd’hui la guerre est tout simplement identique à ce qu’elle était à cette époque. Dans ma tête, Arès a toujours été un personnage contemporain » a expliqué Kévin. « Je ne l’ai jamais imaginé comme étant dans un intervalle de temps prédéfini. Peut-être que, comme je l’ai dit, c’est juste à cause de l’intemporalité de son boulot.
Pour moi porter des vêtements chic de la marque Armani c’est pareil que de porter du cuir, car je pense que si Arès vivait à notre époque et qu’il devait s’habiller, ça serait ce qu’il aurait porté. »
Dans l’une de ses dernières interviews sur Xena, Kévin s’est rappelé affectueusement de la période où il a joué le Dieu de la Guerre, remarquant que « J’ai fait le meilleur boulot que jamais, je n’ai fait sur cette série, car ça m’a donné tellement de cadeaux en tant qu’acteur. Ca va me manquer. Arès a été le rôle le plus marrant ; en gros, durant 6 années j’ai joué le rôle d’un méchant garçon. »
Kévin Smith est mort le 16 Février 2002 à cause de blessures dû à une chute alors qu’il était en Chine pour tourner un film. Sa mort a été pleurée par toute l’industrie du film de la Nouvelle-Zélande, ainsi que par la famille des fans de Xena et d’Hercule du monde entier. L’immortel Arès perdure comme étant un rôle indélébile de son héritage cinématographique.